Le voyage de haut en bas

Partir en voyage sur la Lune, tel fut le rêve de millions de Terriens. Les images télévisées des premiers pas de l’homme sur la planète voisine avaient subjugué les esprits. Certains réservaient déjà leur place sur  de futures fusées dont on n’avait pas vissé le premier boulon. Cette place, il en est même qui l’ont payée ! Selon toute vraisemblance, personne n’ira jamais passer un week-end sur la Lune. C’était pourtant un joli songe que celui du voyage vertical, comme celui de prendre un ascenseur qui monterait très haut, au-dessus des immeubles, des nuages, de l’atmosphère.

Longtemps le voyage a été horizontal. On avait assez à faire avec l’immensité de la surface terrestre pour restreindre à celle-ci le champ des investigations humaines. Pourtant, déjà, le XIXe siècle commença à s’interroger : qu’y avait-il en dessous et au-dessus ? Jules Verne en témoigna dans son Voyage au centre de la Terre. Le XXe siècle mit en chantier les premières expéditions pour aller voir ces montagnes que, jusqu’à Jean-Jacques Rousseau à peu près, on avait jugées dégoûtantes :  les verrues de la Terre. L’ère des voyages, verticaux était ouverte.

On monta alors à la conquête des hauts sommets : vaincre l’Himalaya, venir à bout de l’Annapurna, grimper les parois des « plus de 8 000 » devint le rêve de quelques poignées d’hommes. Faisant fi du froid, du danger, du manque d’air, ils grimpèrent les uns après les autres – Gaston Rébuffat, Marcel Ichac, Maurice Herzog – au prix, pour ce dernier, de ses deux mains mais avec la compensation d’embrasser la gloire. Car le grand public se passionna immédiatement pour cette nouvelle race de voyageurs, comme en atteste le succès en librairie du Premier de cordée de Roger Frison-Roche.

ocean Ce même public fut tout aussi intéressé par l’autre versant des nouveaux périples verticaux, ceux qui de sonnèrent pur but de voyage le fond des océans. Comme souvent, c’est une invention technique qui fut à l’origine de tout. L’Américain Brushnell avait construit le premier sous-marin en 1776, et son compatriote Robert Fulton le deuxième en 1798, qu’il avait appelé Nautilus. Mais ni l’un ni l’autre ne parvint à intéresser les autorités.

Le premier engin véritablement opérationnel ne fut mis au point qu’un siècle plus tard, en 1887, soit huit ans après la publication des Vingt Mille Lieues sous les mers de Jules Verne. Fonctionnant à l’électricité, il était l’œuvre d’un ingénieur naval français, Gustave Zédé, qui l’avait baptisé Gymnote.

Quelques décennies plus tard, un officier de marine né en 1910, Jean-Yves Cousteau, commençait une carrière d’océanographe. Le monde entier ne devait pas tarder à se passionner pour chacune de ses expéditions et à retenir son nom et celui de son bateau : la Calypso.

Les océans ne sont pas si profonds, l’espace est infini. Sa conquête nous ramène curieusement, en notre ère de vitesse, à une appréhension qui fut celle de l’Antiquité, du Moyen Age, de la Renaissance. Quand on attendait trois ans la réponse à la question confiée à un ambassadeur et des mois l’arrivée d’une cargaison. Les réponses d’une sonde spatiale ne nous parviennent que des années après son lancement. La seule différence est que des machines seules, des instruments en sont les porteurs quand, autrefois, c’était aussi le retour d’hommes que l’on attendait.

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